Depuis les 5 dernières années, cette question n’a jamais cessé d’être une lutte constante dans ma tête. Peu importe combien de fois j’y pense et combien j’analyse chaque facette de la question, je n’arrive jamais à une conclusion satisfaisante.
Après avoir vécu dans 4 différents pays en 4 ans, je suis maintenant de retour à la maison, au Canada, depuis presque 2 ans. Même si je sentais l’appel de la maison et ce désir de me ressourcer dans un environnement familier, revenir au pays est venu avec son lot d’épreuves. Puis, pendant un moment, j’ai pensé que j’en avais fini avec l’envie de vivre à l’étranger. J’étais heureuse de la vie que je commençais à me créer ici et je n’avais plus cette envie irrépressible de partir à nouveau.
Mais ensuite, juste quand les choses allaient finalement bien pour moi, est arrivée la pandémie. Soudainement, je me suis sentie prise au piège. Le sentiment a été presqu’instantané. Aussitôt que la frontière fût fermée, j’ai commencé le processus d’application de ma citoyenneté italienne, avec l’espoir d’aller vivre en Europe dans un futur rapproché. C’était comme si ne plus être en mesure de quitter le pays m’a fait réaliser à quel point je voulais et avais besoin de repartir. Repartir vivre à l’étranger. Repartir m’immerser dans une nouvelle culture pour plus que quelques semaines. Repartir pour ressentir cette adrénaline à nouveau. C’est à ce moment que j’ai réalisé que je n’avais pas fini de partir encore. J’ai réalisé que je ne pouvais pas m’établir ici sans avoir la satisfaction d’avoir assez vécu à l’étranger.
La décision de repartir vivre à l’étranger ou pas peut sembler évidente pour certains d’entre vous. Euh, allô? C’EST SÛR QUE TU DEVRAIS! Par contre, la réalité de la situation n’est pas si facile. Premièrement, j’ai souvent à faire face au manque de compréhension flagrant de ma famille et amis à l’idée que je pourrais continuer mon mode de vie nomade après avoir passé le cap de la mi-vingtaine, ce qui me fait questionner mon propre instinct également.
La plupart de mes amis sont établis maintenant. Ils ont trouvé une personne avec qui construire leur vie, ils ont acheté une maison, ils ont un chien et ils commencent à avoir des enfants. Pour eux, l’idée de continuer à vivre à l’étranger n’a rien d’attirant et les rend parfois même inquiets pour moi. Vais-je un jour trouver l’amour de cette façon? Est-ce que je choisis la voie d’être seule pour toujours? Est-ce que je ne veux pas d’enfants? Je ne veux pas économiser pour une maison à la place? Si je peux continuer à voyager pendant mes 2 semaines de vacances annuelles, pourquoi le besoin de retourner vivre ailleurs ENCORE? Les mêmes questions reviennent chaque fois et en tant que personne grandement influençable, je me retrouve confuse à chaque fois que l’une d’elle m’est demandée.
La vérité c’est que je veux toutes les mêmes choses qu’ils ont. Je veux trouver l’amour. Je veux une maison. Je veux un chien. Je veux des enfants. Par contre… Je ne suis pas certaine d’être prête à avoir tout ça MAINTENANT. Peut-être que je suis destinée à vivre tout ça dans ma trentaine au lieu de ma vingtaine. Est-ce que ce serait si terrible? Bien sûr, ma famille et mes amis ne sont pas les seuls à se poser ces questions. Je me les pose moi-même chaque jour, en essayant de savoir ce que je veux vraiment et en essayant de garder la pression sociétale hors de mes réflexions. Est-ce que le seul facteur qui joue dans la balance ne serait-ce que le fait que je sois célibataire? Si je rencontrais la bonne personne ici et maintenant, est-ce que, tout à coup, je deviendrais prête pour toutes ces choses dans ma vie? Est-ce que ça changerait mon désir de retourner vivre à l’étranger? Difficile à dire.
Je suis, moi aussi, inquiète que ce choix de vie soit la raison pour laquelle je n’aille toujours pas rencontré la bonne personne avec qui partager ma vie. Quand tu changes de pays à chaque 5-8 mois, tu essayes de ne pas trop t’attacher pour épargner ton coeur. Par contre, de l’autre côté, est-ce que je suis vraiment prête à passer mon tour sur de belles aventures à l’étranger pour la chance de peut-être rencontrer quelqu’un ici? Juste l’écrire me rend inconfortable. En plus, j’ai l’impression que ça met une pression indésirable de constamment rencontrer de nouvelles personnes et aller en date pendant que je suis à la maison et de ne « perdre » aucun temps de plus à être célibataire. Est-ce que c’est juste moi ou est-ce que l’idée de rencontrer l’amour de cette façon ne semble pas très attirante? Ça me fait sentir comme si j’étais en salle d’attente pour rencontrer l’amour pendant que je suis ici.
Pourquoi est-ce que je ne devrais pas le voir de l’autre façon? Pourquoi ne pas apprécier le fait que je sois encore célibataire passé la mi-vingtaine et prendre cette opportunité pour continuer à vivre mes grandes aventures autour du monde pour moi et moi seule pendant que je n’ai personne d’autre à prendre en considération? Pourquoi ne pas apprécier la liberté que m’offre le fait de n’avoir aucun engagement à long terme? Je ne dis pas que je veux faire cela pour les 10 prochaines années. Je dis seulement que peut-être que je ne devrais pas me forcer autant à m’établir dans ce mode de vie tout de suite, alors que je ne me sens pas complètement prête. Où est-ce que c’est écrit que tu dois absolument être établie avant tes 25 ans?
Par contre, ce n’est pas la seule chose qui me fait hésiter à partir de nouveau. Si mon dilemme était seulement basé sur la pression sociétale à m’établir, ce ne serait pas tant un dilemme. Je pourrais le prendre. Ce qui joue plus dans la balance, cependant, c’est de manquer ce qui se passe à la maison pendant que je suis à l’étranger. Parce que peu importe les folles expériences que je vis loin de chez moi, je suis toujours nostalgique de manquer les soupers de famille, de ne pas voir les premiers pas du bébé de mon amie, de ne pas être là physiquement pour faire un câlin à une amie qui a de la peine, de ne pas rire autour d’un bon souper et vino un jeudi soir. Ce sont ces moments-là qui font que cette décision est brise-coeur.
Bien sûr, je garde contact avec mes amis d’ici quand je vis ailleurs, mais ce n’est jamais la même chose que d’être là physiquement. Et bien sûr que je rencontre aussi plein de nouvelles personnes à l’étranger, mais ces nouvelles connaissances ne remplacent jamais les gens qui font partie de ma vie depuis 10 ou même 20 ans, qui sont toujours là à travers les beaux moments et les moins beaux et qui me connaissent mieux que quiconque. C’est parce que je les aime si profondément que ça me fait mal d’être loin d’eux pendant aussi longtemps et de manquer ces moments avec eux.
Donc, nous y voici. Prise dans le même dilemme depuis 5 ans, avec aucune réponse évidente. Si c’était facile, ce ne serait pas la vie, en? Je sais que j’aurai à sacrifier quelque chose quelque part. Et je pense que je sais ce que je veux faire, au fond de moi. Vous vous en doutez sûrement après ce que vous venez de lire aussi. J’imagine que j’espère juste encore qu’un miracle se produise et me permette d’avoir le meilleur des deux mondes. Mais la réalité c’est que j’en reviens à la même question basique à chaque fois : qu’est-ce que je vais le plus regretter? Manquer une année dans la vie de ma famille et amis ou manquer un an de découvertes et apprentissages à l’étranger?
J’ai le sentiment que j’aurai à faire face à cette question jusqu’à temps que mon désir d’aventure se dissipe ou jusqu’à temps que d’autres sphères de ma vie changent. Je souhaite secrètement que ça arrivera bientôt, parce que ça rendrait ma vie plus facile (et m’aiderait à dormir mieux la nuit!) Mais j’ai confiance que c’est comme ça que les choses doivent se passer. Je n’ai qu’à écouter la voie qui m’appelle.