Je me suis expatriée par amour

W Costa Rica Reserva Conchal, Costa Rica (septembre 2021)

C’est parfois étrange comment la vie fait les choses. Il y a à peine un an et demi, j’écrivais que je n’avais aucune idée de ce que je voulais pour le prochain chapitre de ma vie, mais que je gardais espoir que tout allait s’éclaircir sous peu. J’étais loin de me douter, cependant, que ce que qui allait tout changer viendrait de la chose à laquelle je m’attendais le moins: l’amour.

Par le passé, j’ai seulement vécu dans d’autres pays pour les études ou le travail. Je voyais toujours cela comme une opportunité d’acquérir des expériences de vie tout en poursuivant mon chemin de carrière. C’était plutôt simple. Je déménageais pour une période de temps définie et puis je revenais au Québec et recommençais les recherches pour ma prochaine aventure. Je savais que je revenais à la maison quand le semestre ou mon contrat étaient terminés ou quand je sentais que mon expérience était complète. Bien sûr, je souhaitais toujours secrètement que j’allais rencontrer quelqu’un au passage qui allait chambouler mes plans, mais ce n’était jamais le but initial.

L’amour n’a jamais été facile pour moi. Avec ma peur de l’abandon, j’ai toujours eu de la difficulté à naviguer cette sphère de ma vie, finissant toujours avec des gens qui ne voulaient pas s’engager ou sabotant moi-même la relation par peur de me faire laisser plus tard. Malgré tout, je gardais espoir et quand j’ai commencé à consulter une thérapeute pour me sortir de ce pattern, j’ai commencé à voir comment les choses pourraient être différentes. Et c’est dans le brouillard de ce changement qui s’opérait en moi que j’ai reconnecté avec Daniël.

Pour faire une histoire courte, j’ai rencontré Daniël en 2016 lors d’une compétition internationale de cas académiques qui prenait place à l’Université McGill où je poursuivais mon baccalauréat. Après avoir passé du temps ensemble pendant cette semaine, nous avons gardé contact, tout en vivant nos vies respectives. Nous sommes tous les deux partis vivre à l’étranger dans différents pays. Daniël a eu des relations à long-terme et moi j’ai enchaîné les dates Tinder malaisantes. Mais pendant trois ans et demi, nous avons gardé contact en temps qu’amis. Il m’écrivait à tous les 2-3 mois pour prendre des nouvelles et nous parlions de voyage et de vivre à l’étranger.

Lorsque la pandémie a frappé en 2020 et que nous nous sommes retrouvés tous les deux célibataires, nous avons commencé à nous parler plus fréquemment et, avec le temps, nous avons décidé de partir voyager ensemble. Nous n’avions rien à faire à la maison et nous nous entendions bien, donc nous nous sommes dit pourquoi pas! Nous avons passé 15 jours en Grèce et ce fût simplement magique. Après le voyage, nous savions qu’il y avait quelque chose entre nous, mais c’était difficile d’entrevoir un futur puisque 5 500 km nous séparaient. Malgré tout, nous avons continué à nous parler quotidiennement et à apprendre à se connaître davantage. Nous avions également fait des plans pour que Daniël vienne me visiter à Montréal, mais lorsque les frontières ont fermé à cause de la pandémie, il est devenu impossible de se voir.

Un an plus tard, alors que voyager fût de nouveau possible, nous avons décidé de partir ensemble au Costa Rica pour deux semaines pour passer plus de temps ensemble et établir ce que nous voulions faire ensuite. Après le voyage, Daniël est revenu avec moi à Montréal pour une semaine pendant laquelle il a rencontré ma famille et mes amis. C’est à ce moment que nous avons eu la certitude qu’il fallait se donner une chance. C’était si naturel d’être ensemble. Nous savions déjà que nous voyagions bien ensemble, mais passer du temps dans ma vie « normale » à la maison a vraiment confirmé que ça marchait. Par contre, dans notre situation, se donner une chance voulait dire prendre une décision importante: quelqu’un devait déménager de pays.

Vivre à l’étranger à nouveau

Comme je l’ai mentionné, j’avais vécu dans différents pays plusieurs fois auparavant, seulement jamais dans ce contexte. À ce moment, je savais déjà que je voulais vivre à l’étranger à nouveau. La pandémie m’avait ramené ce désir de partir et l’aventure m’appelait. Ça enlevait donc de la pression à notre relation, puisque je n’allais donc pas déménager seulement pour lui. Cependant, l’idée que même seulement une petite partie de ma décision soit pour un gars me terrifiait. Et si ça ne marchait pas entre nous? Cependant, je ne m’étais jamais sentie aussi confortable et heureuse avec quelqu’un, donc la prochaine question qui me vint à l’esprit fût « et si ça marchait? ».

De tous les gars que j’ai datés, je ne m’étais jamais sentie autant en sécurité avec quelqu’un, capable d’être complètement moi-même et rassurée par notre capacité à communiquer ouvertement ce que l’on veut avec l’autre. Même si notre situation était un peu particulière, je ne me suis jamais sentie insécure dans ma relation avec Daniël et il ne m’a jamais fait douter qu’il était autant all-in que moi. Savoir que nous voulions tous les deux autant faire ce grand saut a définitivement joué dans ma décision de prendre ce risque pour qu’on se donne une chance.

Pendant nos discussion avant de prendre la décision, nous avions aussi parlé de notre vision pour le futur. Ça a toujours été important pour moi d’être avec quelqu’un qui est ouvert à vivre dans différents endroits autour du monde et de sentir que mon futur n’était pas limité à un pays. Donc, savoir que Daniël était aussi ouvert à vivre à l’étranger, incluant revenir vivre au Canada, était très rassurant pour moi. Ça a aussi renforcé le sentiment que nous avions la même vision pour notre vie et ça ne m’a fait que l’aimer plus. Pour la première fois, je ne me sentais pas « prise en cage » à l’idée d’être en couple. J’ai toujours eu peur que d’être avec quelqu’un limiterait mes rêves et mes ambitions, mais être avec Daniël ne les laisse pas seulement possibles, mais les rend aussi plus excitants.

Les Pays-Bas

Lorsque j’envisageais de vivre à l’étranger à nouveau, ma première idée était de retourner sur une île. J’avais tellement aimé les mois que j’avais passés aux Îles Cook que j’avais hâte de retrouver la island life, le climat tropical chaud et le mode de vie décontracté. Par contre, une partie de moi voulait également retourner en Europe. Même si je n’avais pas passé tant de temps que cela sur le vieux continent, je me sentais déjà comme chez moi à chaque visite. Les Pays-Bas étaient déjà également en haut de ma liste depuis un moment. Ce pays et sa culture avaient ce je-ne-sais-quoi qui m’ont toujours attirée. Et avec chaque visite, mon amour pour cet endroit grandissait.

Donc, l’idée de déménager dans le pays natif de Daniël était déjà quelque chose qui m’intéressait en partant. Bien sûr, ça a rendu ma décision un peu plus facile. Non seulement j’étais excitée de finalement pouvoir être avec Daniël, mais l’idée de vivre aux Pays-Bas était excitante par elle-même également.

Utrecht, Pays-Bas

Bien sûr, comme toutes les autres fois auparavant, la partie difficile est toujours de dire au revoir à ma famille et mes amis. Étant très proche d’eux, ça a toujours été quelque chose de difficile pour moi lorsque je pars à l’étranger. Il y a toujours ce sentiment d’être déchirée entre vivre ma vie de rêve ou avoir les personnes que j’aime faire partie de ma vie en personne. À un certain point, cependant, on réalise qu’on ne peut pas sacrifier ses rêves pour rester physiquement proche de notre entourage et que nos vrais amis seront toujours là, peu importe les kilomètres qui nous séparent. Ça brise le coeur. Chaque fois. Mais au fond de nous, on sait qu’on a pris la bonne décision.

Une carrière autour du monde

La dernière chose, mais non la moindre, que j’ai prise en considération avant de prendre ma décision était de savoir que je n’allais pas sacrifier ma carrière et tous les efforts que j’ai faits jusqu’à présent. Dans le début de ma vingtaine, j’ai sacrifié un plus gros salaire pour gagner de l’expérience internationale. Malgré que je n’aie aucun regrets à cet égard, je savais que, cette fois, je voulais continuer à aller de l’avant avec ma carrière et ne pas faire un pas de recul. Je voulais trouver un emploi qui serait vraiment excitant et je savais que je cherchais quelque chose d’un peu différent. Une chose était certaine, je ne voulais pas seulement me « contenter » d’un emploi qui ne me passionne pas juste pour être avec un homme. Ma carrière est importante pour moi et j’étais déterminée à obtenir ce que je voulais.

C’était donc important pour moi de trouver ma prochaine opportunité professionnelle avant de déménager officiellement. J’ai commencé mes recherches bien avant d’avoir pris la décision de déménager, pour déjà me faire une idée du genre d’opportunité que je pourrais trouver à Amsterdam dans mon domaine. Par chance, un jour, je suis tombée sur un poste qui me faisait rêver depuis longtemps et soudainement, j’avais l’impression que tous mes rêves devenaient réalité.

Lorsque les étoiles s’alignent (enfin!)

Il y a un an et demi, j’étais seule dans mon petit studio au Canada, complètement perdue dans ce que je voulais dans la vie. La pandémie m’a forcée à faire face à mes peurs et à réaliser le genre de vie que je veux réellement. Ça m’a donné la clarté donc j’avais besoin, coupée des influences externes pendant un moment, pour poursuivre la vie de mes rêves.

Jamais, cependant, je n’aurais pensé que lorsque je me serais enfin trouvée et que mes désirs se seraient clarifiés, que tout commencerait à se mettre en place tout seul pour que ça se réalise. J’ai trouvé l’amour, j’ai trouvé mon emploi de rêve et je vis ma vie idéale à l’étranger. Ça fait un peu peur de réaliser que tous ses rêves sont devenus réalité, mais quel bonheur indescriptible! Maintenant la prochaine question est… quelle est la suite?